dimanche 9 mars 2008

Les occupations du dimanche, volume 1 : les élections



Les élections municipales eurent lieu pour la première fois en 1790 : Véritable "révolution" dans la Révolution (pour reprendre le mot de Christine Lamarre), la désignation du maire par les citoyens de la ville était en effet une véritable nouveauté. Autrefois nommés, les maires allaient désormais être élus. Et les révolutionnaires ne s'arrêtèrent pas là, ouvrant les scrutins à tour de bras, suivis, quelques décennies plus tard, et après bien des remoux, par les républicains qui établirent, presque définitivement, ce moins pire des régimes.


Les premières élections n'eurent pas lieu le dimanche : les citoyens actifs (les hommes qui payaient un cens) se déplacèrent les jours de semaine pour aller remplir leur devoir civique en prenant sur leurs heures de lecture de Rousseau, leurs dragues à la promenade, ou, pour les plus hardis, leurs parties libertines. Lorsque le vote fut élargi à la majorité de la population, ceux que l'on appelle communément les "masses populaires", la nécessité d'organiser des élections le dimanche se fit jour : voter oui, mais pas sur les heures d'usine.

Les élections se multiplièrent rapidement : municipales, législatives, cantonales, puis présidentielles en 1965, européennes, plébiscites, référendums vinrent allègrement occuper le bon citoyen dont l'ennui dominical trouvait là un ingénieux remède. Car une élection ne se joue pas uniquement le dimanche, elle taraude, elle préoccupe, elle pose question. Le quidam est en peine, il remue, il hésite, il compare, il dissèque, il décortique, il se passionne même parfois pour le simple fait de mettre un bout de papier dans une enveloppe, puis dans une urne en plastique. Mais l'élection a le mérite de l'illusion du choix et de l'individualisation de la décision commune : "c'est grâce à moi qu'Untel a été élu" même avec 82,5% des suffrages. A contrario, "c'est à cause de moi qu'Untel n'a pas été élu".

C'est en ce sens que l'élection constitue un passe-temps favori du dimanche. Amusement républicain plus que devoir civique, elle peut occuper quelques heures par la réflexion (qui n'est pas nécessairement obligatoire), le vote en lui-même et son cérémonial, et par le suivi des résultats qui nous permet de jouir des commentaires des plus audacieux journalistes que notre pays ait produit. Et occuper quelques heures d'un dimanche, c'est déjà ça de pris.


Morale : qu'importe l'élection pourvu qu'on ait l'ivresse.

2 commentaires:

RB a dit…

"Remou", comme "chou", "genou", "hibou, etc. fait son pluriel en "s".

C'est pas avec des profs staliniens et illettrés que la France va relever la tête.

RB a dit…

Je voulais dire "à la différence de "chou", "genou", "hibou, etc.

C'est pas avec des profs drogués et alcooliques que ça ira mieux.