dimanche 2 mars 2008

Courte histoire du Dimanche, volume 1

Le Dimanche, 7e jour de la semaine chrétienne, fut le jour où, initialement, Dieu le Père se reposa, après avoir travaillé ardemment les 6 premiers jours de la semaine. En mémoire de cet illustre événement, dont la renommée est quelque peu tombée en désuétude, les Chrétiens se réunirent et décidèrent, probablement lors d'un sombre Concile, de ne rien foutre eux-mêmes lors de cette journée. Pour autant (parce qu'il ne faut pas déconner quand même), ne rien faire le dimanche, économiquement parlant, laissait du temps pour se consacrer au Créateur. On inventa la messe, les processions, les défilés, les baptêmes, les enterrements, toutes sortes de choses qui permettaient à l'honnête chrétien de ne pas se faire chier comme un rat mort le dimanche.


Le programme était simple : on se levait vers les 6h, on déjeunait frugalement, on s'habillait pour aller écouter le curé, ce qui occupait une bonne partie de la matinée, avant de rentrer à la maison, en famille, non sans avoir préalablement fait tourner le commerce local par l'achat de moults gâteaux qu'on s'empressa d'appeler les "gâteaux du dimanche". Au passage, on remarquera que ce système permettait de différencier les boulangers-patissiers chrétiens des vils mécréants : lorsque le gâteau était frais, on pouvait sans nul doute supposer que le bougre avait travaillé le jour même, ce qui était pêché. Mieux valait donc, si l'on était bon chrétien, manger des gâteaux pas frais, quitte à en souffrir les conséquences gastriques.


Bien huilé, ce programme tint à peu près jusqu'au jour où l'on décida de chômer aussi le samedi : funeste décision, qui remit en cause la suprématie du dimanche. Le bon chrétien, soucieux de respecter la parole divine, refusa allègrement de se laisser aller à une quelconque oisiveté : il fit du samedi une journée active, multipliant les sorties, trimbalant sa marmaille et quelquefois bobonne pour les sauver de la perte, les faisant entrer dans sa Renault Nevada, tel Noé faisant entrer la ménagerie terrestre dans son Arche de bois. Exténué, le bon chrétien revenait chez lui, le samedi soir, fier de n'avoir pas cédé face aux impies qui lui avaient imposé leur désoeuvrement sabbatique.


De nos jours encore, si le dimanche n'est plus considéré par beaucoup comme le jour du Seigneur, les hommes honorent encore sa mémoire en faisant du samedi la journée la plus fournie de la semaine (surtout s'ils sont fonctionnaires comme dans mon cas).




Conclusion : Dieu a inventé Conforama pour qu'on se rappelle de lui.




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